Laisse flotter au gré du vent Tes espoirs et tes craintes, Alors qu'hier était encore devant Tu cheminais contrainte, Mais le passé ne laisse plus d'empreintes...
Remonte vers la source, le sentier fut tracé par un autre, Et ne prends dans ta course comme bagage et boussole Que le souvenir et la promesse inscrits dès le départ de ton chemin.
Tu n'es pas seule en route, Et l'on t'attend là-haut, Ni la fatigue ni le doute Ne peuvent être prétexte à repos, Ni le vertige à l'abandon...
Prends la confiance pour bâton Et marche, même à tâtons, N'aie pas peur de manquer de souffle, Ta vie n'est plus au fond du gouffre, Elle est devant, L'après-demain devient lumière.
Te conduit vers la plaine, La plaintive rebelle Est avide De retrouver l’Eden Et court comme la rivière, Comme l'eau entre les pierres, Elle stagne parfois... Et voudrait revenir en arrière Quelquefois, Par vanité, regrets amers...
Les espoirs fous et confus Sous le ciel flou Comme les cailloux Des ricochets, Les cris, pleurs, gazouillis, Frémissements et tourbillons De ci de là s'éparpillent, recrachés sur la rive; Là-bas, plus loin? Coulés au fond?
De la source à l'embouchure La rêveuse s'écoule comme le sang d'une blessure, Flotte à vau-l'eau, à l'aventure... Et pourtant... Quand vient le vent, Quand vient la pluie, la neige ou le printemps, Le Oui de Dieu l'appelle à contre-courant, Le deuil n'est plus de mise, Les journées grises Prennent d'autres couleurs...
L'écriture Siffle et glisse Et ment Dans le désert Où l'arbre craque et brûle, La voix ondule et fouette le vent, Et nul ne sait ce que dit le serpent. Serpent de Freud, serpent de Dieu? Es-tu démon, es-tu démiurge? Ou seulement des mots Qui hurlent et s'insurgent Et sifflent Et craquent Et brûlent.
La piste humaine est bien étroite, Et un faux pas c'est vite fait. Rêveurs d'étoiles, bouilleurs de cru, Tournez toujours sans hésiter.
Si vous sautez dans la mare à canards, Encrier noir, Ou l'infini d'un grand lac bleu, Si vous montez vers le soleil, Faites-nous de là-haut, De là-bas, Un signe de la main, Un signe de bienvenue Vers les hauteurs ou la torpeur...
Faut-il monter, faut-il descendre, Tourner toujours sans contredit, Faire sauter la machine ou huiler les rouages? Je tourne la poulie de mon cerveau rouillé Et jusqu'au dernier tour je garderai l'espoir.
Pourquoi j'aime la musique Et entendre chanter les pianos et les voix? Parce qu'à tout moment je recherche la joie Et que la joie c'est quand mon âme est vide...
Quand je ne suis plus rien qu'une attente immobile Comme un petit vieillard qui se chauffe au soleil Ou marche à petits pas dans une rue déserte, Sans raison et sans but, laissant la porte ouverte Aux rêveries molles et floues d'avant le sommeil...
Dans l'oubli seul je trouverai la joie, Oubli du monde, oubli de soi, N'étant plus rien, que pure joie.